Monster, par Duncan Macmillan

Nous sommes étiquetés avant de nous naître, on reçoit des notes à l’accouchement et puis finalement on se retrouve jetés au hasard dans la vie, sans droit d’appel. On hérite beaucoup de traits de caractère de nos parents, qui sont, en fait, les premiers qu’on voit dès qu’on ouvre les yeux sur le monde. Puis, on suit presque  aveuglément leurs gestes jusqu’à ce qu’on devient responsables des nôtres.

Dès les premières années d’école, les enfant forment des bandes en fonction d’une compatilibité plus ou moins justifiée, les soi-disant clans que les adultes aussi forment au bureau et dans la vie sociale. Ceux qui sont considérés différents sont évités, mis au pied du mur, bafoués, ils deviennent des paria.

Vanner Collective en collaboration avec l’Association  »Telefonul Copilului » et la plateforme de soutien psychologique en ligne Atlas Help a monté le projet MONSTER sur la scène du Centre de Théâtre Educationnel Replika. Là, quatre acteurs se mélangent avec le public qui semble jouer un rôle collectif de formation de jugement des personnages. Et de lui-même. L’action commence sans aucune introduction, de sorte que tu te retrouveras bientôt dans un tourbillon de frictions familiales, éducationnelles, mais surtout de conflits intérieurs.  La rencontre avec les quatre personnages est, en fait, la rencontre avec soi-même.

Le dramaturge contemporain Duncan Macmillan a l’habitude de tirer des signaux d’alarme sur des sujets tabou, sans nécessairement montrer du doigt, sans nomer des responsables ni des victimes. Et mieux encore, il construit ses personnages de telle manière qu’elles jonglent entre les deux conditions, de sorte qu’on les retrouve à la fois des bourreaux et des victimes. Son texte est intelligent, subversif, franc, réaliste, émouvant et effrayant à la fois; comme ses personnages.

Le metteur en scène Nicolae Constantin Tănase et la scénographe Adeline Bădescu choisissent de contourner plusieurs tableaux de vie qui se succèdent temporellement. Sans faire usage de rien de superflu, les scènes sont séparées par le monstre qui descend et qui monte du plafond sur une musique qui garde le pouls élevé. Ainsi, le rôle des acteurs devient encore plus complexe, car les spectateurs  tiennent à l’oeil leur prestation. Et leur mission est accomplie de manière incroyable, si bien que j’ai surpris d’autres spectateurs et je me suis surprise à verser des larmes.

Quelques dizaines d’adolescents ont été présents à la représentation d’hier soir parce que ce sujet les concerne. Car même si nous voilà dans un monde de plus en plus technique, numérique, moderne, l’éducation reste toujours rudimentaire, en dépit de son rôle élémentaire dans la formation des jeunes d’aujourd’hui qui deviendront les adultes de demain. A part l’émotion véritable transmise par les acteurs, la manière dont les adolescent présents dans la salle se sont transposés dans l’histoire m’a beaucoup touchée. Si la tâche du monstre a été de ressusciter notre empathie, il doit savoir que sa mission a abouti.

Je crois que MONSTER peut créer des ponts de rayons caloriques entres les gens (oh, Nina Cassian 💕). Je crois aussi qu’il est un allié échéant dans la lutte contre le périleux abrutissement. MONSTER expose les conflits entre les générations d’une manière dûre, franche et émouvante à la fois, il attire l’attention sur les hics du système éducationnel, il stimule la conscience individuelle et celle collective.

MONSTER fait partie d’une trilogie signée par le dramaturge Duncan Macmillan que la compagnie Vanner Collective a mis en scène avec le directeur Nicolae Constantin Tănase et la scénographe Adeline Bădescu. LUNGS et Toutes les choses géniales ont eu des échos locaux et nationaux positifs et sont joués depuis quelques ans dans les théâtres Act et unteatru.

Alors, prends tes adolescents, parents, grands-parents, ou amis et allez voir Liviu Romanescu, Augustin Kremser, Denisa Nicolae et Mihaela Radescu au centre Replika le 1er, 2ème, 22ème, 23ème Octobre et le 5 du Novembre, vous allez vivre une expérience très intéressante !

 


Auteur: Duncan Macmillan

Metteur en scène: Nicolae Constantin Tănase

Scenographe: Adeline Bădescu

Light design: Alexandru Matios

Avec: Liviu Romanescu, Augustin Kremser, Denisa Nicolae şi Mihaela Radescu

 

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